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Peindre pour s’ouvrir au monde

Observer les couleurs de l’aquarelle glisser sur le papier me fascine inlassablement. Au bout de mon pinceau, les pigments fusent, charriés par l’eau claire, et imprègnent la fibre. Le sujet de mon intention apparaît sur le blanc du papier, mais une part m’échappe, l’aquarelle ne se laissant pas maîtriser si facilement. Ce médium invite au lâcher-prise et à regarder le monde d’une autre façon, sans retouche.

La peinture est un moyen d’expression qui parvient à m’extraire des remous de la vie. Elle m’attire vers mon monde intérieur. Lorsque je décide de prendre le pinceau, seules mes obligations incontournables me contraignent à le poser. Dans un silence indispensable, je passe des heures à chercher à effleurer, non pas la perfection, mais ce qui m’interroge et m’échappe. J’en oublie de manger ! La peinture est un processus qui m’aide à éclairer ce qui m’est intimement opaque. Avec l’écriture, je trouve là deux modes d’accès à la vie, de moi vers les autres, qui m’accompagnent sur mon chemin, depuis mon enfance. Les deux modes se complètent, l’usage de la peinture étant davantage charnel.

La relation que j’entretiens avec la peinture explique mon sujet de prédilection, le portrait. Je peins des visages d’homme et de femme, d’âge et d’origine variés. Le moindre grain de peau, les délicates rides encadrant un regard, les ombres irisées posées sur le blanc de l’œil, tout cela occupe mon esprit et ma main des heures durant. Je bataille jusqu’à parvenir à un résultat qui me comble, celui d’avoir interprété la singularité vive d’un visage, sa sincérité. Et lorsque je pense avoir atteint mon objectif, j’éprouve le sentiment d’avoir trouvé la réponse à ma question du moment, d’avoir éclairé une zone ombragée. Je ressens alors une bouffée de joie et l’envie de faire une pause, avant de repartir vers un nouveau défi pictural.

Je ne me prétends pas artiste pour autant, oh non ! Autodidacte et ayant une pratique discontinue, je suis loin d’égaler la virtuosité des peintres que j’admire. Mais là n’est pas la question. Peindre, comme écrire, me procure l’énergie nécessaire à ma solitude heureuse, constituant la base de mon ouverture au monde.

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